Accueil > Archives > 2003 (nº 1301 à 1341) > 1322 (29 mai-4 juin 2003) > [Au palmarès des macchabées]

Au palmarès des macchabées

Le jeudi 29 mai 2003.

Le Bureau international du travail (BIT), haut lieu de la collaboration de classes et maison de semi-retraite de la haute bureaucratie syndicale internationale méritante, vient de publier un rapport qui nous confirme que, dans le monde, chaque jour le travail tue.

Mais qu’on se rassure, il tue surtout les pauvres et plutôt dans ces pays lointains, systématiquement pillés, toujours en émergence et sous le joug de pouvoirs musclés.

Ce rapport nous apprend que sur cette planète où le bonheur libéral est largement partagé, chaque année deux millions de travailleurs et de travailleuses sont sacrifiés sur l’autel du capital. Comme quoi la régulation démographique ça existe ! Encore une loi naturelle et une main invisible, naïfs que nous sommes, que nous ignorions.

Sur ces deux millions de kamikazes qui se tuent au travail, ils ne sont que 300 000 dans les pays industrialisés, encore un détail de l’histoire.

Pour le reste, l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie sont les plus grands contributeurs, comme quoi la solidarité, ça existe ! Au-delà, de ces quelques volontaires pour l’échafaud, 270 millions d’autres laborieux, une paille, sont victimes d’accidents du travail et, avec un peu de chance pour les cumulards, ils peuvent faire partie des quelque 160 millions atteints d’une maladie professionnelle…

Les heureux gagnants de maladies respiratoires sont plutôt chinois, les cancéreux plutôt d’Amérique latine, question de culture… Il n’y a pas de doute, le travail, c’est la santé !

Au palmarès des macchabées, les mineurs et les ouvriers du bâtiment monopolisent les deux premières places mais sont d’accord avec le principe d’une rotation des tâches, qu’on se le dise chez les carriéristes.

À cela, vous ajoutez, selon l’OIT (Organisation internationale du travail) 250 millions d’enfants qui travaillent dans les conditions que l’on sait (le CHS-CT mondial veille), et vous pouvez déclarer que sans aucun doute, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles !

Alors, à quoi bon te battre pour ta retraite camarade, si tu ne te bats d’abord pour ta vie et ta dignité au travail !

Hugues, groupe Pierre-Besnard