Accueil > Archives > 1998 (nº 1105 à 1145) > 1107 (22-28 janv. 1998) > [Clones]

À la petite semaine

Clones

Le jeudi 22 janvier 1998.

Les hommes politiques et la nocivité des systèmes sociaux qu’ils incarnent demeurant la cible privilégiée du discours libertaire, il nous sera permis sans être aussitôt accusés de mollir ou de trahir, souhaitons-le, de saluer avec respect leurs rares déclarations pertinentes et empreintes d’une humanité trop souvent absente de leur insupportable propos.

Ainsi convient-il d’applaudir aux récentes mises en garde de Jacques Chirac et de Bill Clinton contre les dérives inquiétantes annoncées par ces manipulations contre nature auxquelles des savants fous de la recherche scientifique semblent vouloir se livrer sans frein et au mépris de toute préoccupation d’ordre éthique. L’ex-numéro un de la mafia RPR, ami des Tiberi, et le gendarme du « monde libre » imposant sauvagement son nouvel ordre mondial capitaliste et criminel, paraissent en effet tout désignés pour devoir s’effrayer publiquement de certains problèmes au nom de la morale, cette denrée impérissable au royaume des charlatans.

Leur crainte de voir fabriquer bientôt des clones humains doit donc être partagée. Surtout — et ne craignons pas de lancer cette affirmation cocardière — dans ce beau pays de France qui vit naître les Lumières et leur belle philosophie de la liberté de l’être. L’idée que chacun pourrait ainsi y être multiplié par deux, cent ou mille, pour donner naissance à des individus semblables, heurtera à n’en pas douter la conscience stirnerienne de nos compatriotes.

Imaginer par exemple, si le feu vert était donné à cette ignominie, que des dizaines de millions de nos concitoyens, pensant et agissant dès lors en troupeau, pourraient n’avoir alors pour distraction que de s’agglutiner chaque soir devant un petit écran et chaque été sur du sable, à trois au mètre carré ; concevoir que les foules rendues moutonnières se mettent à promener soudainement, sur le boulevard des idées reçues, la bêtise à front de taureau du prêt-à-penser universel ; envisager qu’une masse devenue uniforme puisse répéter sottement les mêmes âneries sur les vertus de la peine de mort, la noblesse du travail salarié, le rejet du clone étranger, l’inéluctabilité de la hiérarchie, la bonté du pape ou le courage de lady Di ; non, vraiment, ce serait trop horrible…

Le clone ne doit pas passer ! Le clone ne passera pas !

Floréal