1995, Moussa Diop, représentant d’AUPEJ [1] passe quelques jours à Bonaventure, petite école riche de matériel, de solidarité, dont l’effectif total n’atteint pas la moyenne d’une famille sénégalaise. Et pourtant la magie de la rencontre inversera les rapports Nord-Sud habituels.
Bonaventure à partir d’un projet politique libertaire tente de renouer avec ce principe de l’autonomie d’un véritable mouvement social alternatif porté en leur temps par les mouvements ouvriers au début du siècle, les Bourses du travail ou la CNT en Espagne. Elle représente donc un enjeu politique et non pas une démonstration de ce que pourrait être une éducation de masse populaire. Sa structure pédagogique et institutionnelle (autogestion, création d’un réseau, contacts locaux et nationaux) est à la mesure du projet politique et non pas d’une réalité sociale (il s’agit dans ce cas d’une petite école rurale). C’est le projet qui porte une alternative dans le désert actuel.
AUPEJ a rompu avec toute aide de l’État (puisqu’absent), tout assistanat (porteur de mort), est représentative de réalisations sociales populaires. Il était donc normal que les échanges soient fructueux, l’un et l’autre se complétant malgré les différences culturelles, économiques et sociales. AUPEJ fait ce que nous rêvons de devenir. Bonaventure crée — par l’expérimentation quotidienne — ce qu’AUPEJ ressent comme vital : une pédagogie s’appuyant sur la vie quotidienne, la citoyenneté, les échanges de savoirs, la totale indépendance de l’État et des subventions.
1996, une délégation de Bonaventure est invitée par l’ensemble des écoles alternatives sénégalaises. Les familles, les enfants, les animateurs d’AUPEJ accueillent chaleureusement les oléronais. Des contacts sont créés entre les enfants, entre institutions. Cette association éducative bien intégrée au quartier Fogny de Tivaouane s’organise de façon plus structurée : une trésorerie avec une école populaire. Les hommes et les femmes que nous avons rencontrés sont confrontés à une situation culturelle et économique désastreuse : tous bénévoles, sans argent, sans local, ils s’appuient sur leur savoir-faire, leur connaissance en matière professionnelle ou socioculturelle, se passent de l’aide de l’État qui a littéralement abandonné les populations en matière d’éducation.
Une école rurale, un centre culturel dans un quartier populaire, d’autres contacts avec d’autres expériences et peut-être enfin serons-nous capables d’élaborer une véritable charte d’éducation populaire alternative.
C’est pourquoi Bonaventure lance cet appel à la solidarité internationale [2]. AUPEJ organise des actions éducatives gratuites, s’adresse autant aux filles qu’aux garçons (cas assez rare qu’il nous faut souligner), a tissé avec nous de réels liens d’entraide, d’échange.
Nous nous chargeons de collecter les fonds et tout le matériel que vous désirer faire parvenir à cette association. Nous participerons au contrôle de l’attribution de cette aide et nous vous tiendrons informés de la naissance et de l’évolution de cette école alternative.
Bonaventure