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Sénégal

Création d’une nouvelle école populaire

Le jeudi 17 avril 1997.

1995, Moussa Diop, représentant d’AUPEJ [1] passe quelques jours à Bonaventure, petite école riche de matériel, de solidarité, dont l’effectif total n’atteint pas la moyenne d’une famille sénégalaise. Et pourtant la magie de la rencontre inversera les rapports Nord-Sud habituels.

Bonaventure à partir d’un projet politique libertaire tente de renouer avec ce principe de l’autonomie d’un véritable mouvement social alternatif porté en leur temps par les mouvements ouvriers au début du siècle, les Bourses du travail ou la CNT en Espagne. Elle représente donc un enjeu politique et non pas une démonstration de ce que pourrait être une éducation de masse populaire. Sa structure pédagogique et institutionnelle (autogestion, création d’un réseau, contacts locaux et nationaux) est à la mesure du projet politique et non pas d’une réalité sociale (il s’agit dans ce cas d’une petite école rurale). C’est le projet qui porte une alternative dans le désert actuel.

AUPEJ a rompu avec toute aide de l’État (puisqu’absent), tout assistanat (porteur de mort), est représentative de réalisations sociales populaires. Il était donc normal que les échanges soient fructueux, l’un et l’autre se complétant malgré les différences culturelles, économiques et sociales. AUPEJ fait ce que nous rêvons de devenir. Bonaventure crée — par l’expérimentation quotidienne — ce qu’AUPEJ ressent comme vital : une pédagogie s’appuyant sur la vie quotidienne, la citoyenneté, les échanges de savoirs, la totale indépendance de l’État et des subventions.

1996, une délégation de Bonaventure est invitée par l’ensemble des écoles alternatives sénégalaises. Les familles, les enfants, les animateurs d’AUPEJ accueillent chaleureusement les oléronais. Des contacts sont créés entre les enfants, entre institutions. Cette association éducative bien intégrée au quartier Fogny de Tivaouane s’organise de façon plus structurée : une trésorerie avec une école populaire. Les hommes et les femmes que nous avons rencontrés sont confrontés à une situation culturelle et économique désastreuse : tous bénévoles, sans argent, sans local, ils s’appuient sur leur savoir-faire, leur connaissance en matière professionnelle ou socioculturelle, se passent de l’aide de l’État qui a littéralement abandonné les populations en matière d’éducation.

Une école rurale, un centre culturel dans un quartier populaire, d’autres contacts avec d’autres expériences et peut-être enfin serons-nous capables d’élaborer une véritable charte d’éducation populaire alternative.

C’est pourquoi Bonaventure lance cet appel à la solidarité internationale [2]. AUPEJ organise des actions éducatives gratuites, s’adresse autant aux filles qu’aux garçons (cas assez rare qu’il nous faut souligner), a tissé avec nous de réels liens d’entraide, d’échange.

Nous nous chargeons de collecter les fonds et tout le matériel que vous désirer faire parvenir à cette association. Nous participerons au contrôle de l’attribution de cette aide et nous vous tiendrons informés de la naissance et de l’évolution de cette école alternative.

Bonaventure


Chèques à l’ordre de Bonaventure. Matériel à envoyer à
Bonaventure, 36, allée de l’Angle
17190 Chaucre. Saint-Georges d’Oléron
ou à déposer à la librairie du Monde libertaire, 145, rue Amelot, 75011 Paris.


[1A.U.P.E.J. : Actions utiles pour l’enfance et la jeunesse. Contre le système dominant excluant, elle a organisé depuis 1993, diverses activités :

  • éducation et encadrement des enfants à travers des cours de renforcement et de suivi scolaire ;
  • une classe d’entraînement à la vie scolaire et sociale pour les enfants de trois à six ans ;
  • des cours de couture et de tricot pour les jeunes filles ;
  • des cours d’alphabétisation fonctionnelle ;
  • des ateliers de théâtre et d’animation culturelle ;
  • des excursions découvertes ;
  • des activités sportives.

Elle a mis en place le forum des enfants qui est un cadre de rencontre et d’échange. Elle organise des séances d’animation par le journal, la télé, et la vidéo, séances appelées média culture. Depuis le 16 juin 1996, elle a ouvert une bibliothèque nommée Bonaventure.

Le projet actuel d’éducation et d’encadrement prend en charge cinquante enfants âgés de trois à dix-huit ans. Quelques quatre cents élèves participent aux activités socio-éducatives et sportives.

AUPEJ s’est ainsi affirmée sur le terrain comme un outil indispensable devant permettre aux enfants et aux jeunes d’avoir un double pouvoir sur eux-mêmes et sur ce qui les entoure.

[2Un appui financier de 94 000 FF est sollicité pour résoudre les difficultés actuelles et ainsi perfectionner le fonctionnement de l’association. Elle est à la recherche de moyens matériels et infrastructures ainsi libellés :

  • acquisition et aménagement des locaux : 25 000 F
  • mobilier (bureaux, classes…) : 10 000 F
  • fournitures scolaires : 3 000 F
  • équipement des ateliers
  • professionnels : 15 000 F
  • machine à écrire ou ordinateur : 7 500 F
  • photocopieur : 6 000 F
  • appareil photo : 2 000 F
  • caméra : 3 500 F
  • téléviseur : 2 000 F
  • vidéocassette : 3 000 F
  • salaire annuel deux animateurs : 12 000 F
  • divers : 5 000 F
  • Total : 94 000 F