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Des Black Panthers à l’anarchisme

Le jeudi 22 janvier 1998.

Le parcours du militant noir americaln Lorenzo Komboa Ervin est tout à fait exceptionnel. Né à Chattanooga (Tennessee) en 1947, il grandit dans ce sud ségrégationniste fait de violence, de racisme, de pauvreté et d’exclusion. Jeune membre d’un gang urbain, Ervin participe aux manifestations et aux sit-ins du mouvement pour les droits civiques des l’âge de 12 ans.

Après deux ans de service militaire, où il se signale à ses risques et perils comme un actif militant ccntre la guerre au Vietnam, il rejoint en 1967 le mouvement de contestatlon etudiant, avant d’adhérer, pour une courte periode au Black Panther Party.

Au cours de la vague de revoltes urbaines qui éclate aux Etats-Unis, après l’assassinat de Luther King en 1968, l’État tente de criminaliser son militantisme en lui mettant sur le dos une affaire de détention d’armes ainsi que le projet d’assassiner un leader local du Ku Klux Klan.

Pour échapper aux poursuites, Ervin parvient, en février 1969, à détourner un avion vers Cuba. Dans ce pays, puis plus tard en Tchécoslovaquie, il perd toutes ses illusions sur le « socialisme réel ».

À Prague, il est livré à des représentants du gouvernement américain. Brièvement détenu au consulat, il parvient à s’echapper et fuit vers Berlin-Est où une equipe d’agents, venus des États-Unis et de RFA, le kidnappe.

Drogué et sauvagement torturé pendant une semaine d’interrogatoire, Ervin est « raccompagné », clandestinement et en toute illegalité, vers les États-Unis. Officiellement, le Département d’État et le FBI annoncent, lors d’une conférence de presse, qu’il a été interpellé à l’aéroport Kennedy après être rentré aux États-Unis de son plein gré.

Après une comédie de procès dans une petite ville du Sud profond, il est condamné à la prison à vie. En détention, il reste politiquement actif, participant, au début des années soixante-dix, aux campagnes pour constituer un syndicat de prisonniers ainsi qu’à differents mouvements de prisonniers noirs.

Dans le même temps, il lit énormement et devient anarchiste à la fin des années soixants-dix, Ensuite, il écrit plusieurs brochures, largement diffusées, sur le mouvement noir americain à partir d’un point de vue anarchiste. Pendant des années, l’Anarchist Black Cross, un mouvement International de soutien aux prisonniers, lui apporte son aide et s’efforce de défendre son cas. Après quinze longues années d’incarcération, il est enfin libéré.

Ervin retourne alors à Chattanooga où, pendant plus de dix ans, il devient l’actif militant d’une association qui multiplie les campagnes contre le racisme et les bavures policières. Aujourd’hui, il vit à Atlanta et s’efforce d’aider à la mise en place d’un réseau de groupes anti-autoritaires couvrant l’ensemble des États-Unis.

Patrick