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Petits boulots mal payés

Le jeudi 27 novembre 1997.

Il est un pays en Europe où le SMIC n’existe pas et où le travail au noir est en quelque sorte officialisé. En toute légalité, il est possible d’y travailler quinze heures par semaine pour un salaire qui ne doit pas excéder l’équivalent de 2 055 FF par mois. Ces emplois sont exonérés de toutes charges (maladie, retraite, chômage) ce qui implique bien évidemment qu’ils n’offrent aucune couverture sociale.

Non, ce n’est pas l’Angleterre victime du thatchérisme, c’est l’Allemagne, si souvent louée pour son « modèle social » et ses « hauts salaires ». Depuis quelques années, le nombre de ces emplois, baptisés Billigiobs (que l’on peut traduire par « petits boulots mal payés ») s’envole : il serait passé, selon les statistiques du ministère du Travail, de 4,4 millions en 1992 à 5,6 millions en 1996. Il en résulte un manque à gagner considérable pour les régimes sociaux ; l’État organise ainsi le trou de la protection sociale pour mieux l’enterrer.

Ces petits boulots sont présentés comme un revenu d’appoint pour ceux qui disposent, par ailleurs, d’une couverture sociale : femmes ou hommes dont le conjoint a un « vrai emploi », étudiants à la recherche d’un job, retraités. Mais avec un chômage qui touche aujourd’hui 4,3 millions d’Allemands, ces petits boulots tendent à devenir le revenu principal de larges couches de la population : 1,5 million de salariés cumulent deux Billigiobs.

Ne vous inquiétez pas, Jospin nous l’a dit, le sommet sur l’emploi de Luxembourg a été un succès. L’Europe sociale promet un avenir radieux à tous les exploiteurs.

Patrick