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Lecture

« À la petite semaine »

de Floréal
Le jeudi 11 décembre 1997.

L’art du billet consiste à exprimer en quelques lignes un point de vue sur le monde et son actualité ; c’est assurément chose difficile. La concision de l’exercice séduit et le lecteur lorsqu’il ouvre son journal préféré, est bien souvent tenté de commencer par le billet qui, de ce fait, implicitement, fait fonction d’éditorial. Sans doute, est-ce la méfiance ontologique des anarchistes pour tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à la voix de son maître qui nous doit de chercher dans le Monde libertaire la chronique de Floréal qui ne figure jamais en première page ni même à la même place. Quoi qu’il en soit, dans chaque livraison du Monde libertaire, le lecteur persévérant découvre donc un billet de Floréal qui croque en quelques traits, à la manière des meilleurs caricaturistes, un instantané faisant fonction de commentaire sur l’actualité. Au fil du temps, Floréal a peaufiné son écirture : toujours caustique et à l’ironie mordante, sa plume n’est cependant jamais ni fielleuse ni démagogue car elle se fait toujours porteuse d’un projet perceptible a minima en filigrane.

Pour qui n’a pas conservé la collection complète du Monde libertaire ou n’a pas le loisir d’en feuilleter les vieux exemplaires empoussiérés, les éditions du Monde libertaire et les éditions Alternative libertaire de Bruxelles proposent de découvrir un florilège des meilleures billets de Floréal dans un petit opuscule d’une cinquantaine de pages intitulé À la petite semaine avec en surtitre « chroniques sans dieu ni maître » (pour le prix modique de 20 FF). Comme nos camarades sont d’incorigibles séditieux, le recueil ouvre sur le billet « courtoisement, mais fermement refusé par le Monde libertaire en mai 1997, histoire de montrer d’emblée que la seule ligne éditoriale acceptable est le respect de la liberté essentielle, ainsi un texte rejeté par le journal » (rien de plus normal, du reste, qu’un journal fasse des choix !) est publié par les éditions du même nom et du même mouvement. Sain rappel de déontologie anarchiste !

Plutôt que la chronologie, le choix de présentation s’est porté sur un classement par thèmes abordés. Derrière l’éclectisme (du fait divers et local aux relations internationales), on retrouve les grandes constantes du mouvement : les ennemis héréditaires des anars, les forces de l’ordre (curés, socialistes scientifiques, juges, flics…), figurent évidemment au cœur de la cible. Pour autant, Floréal parle en permanence de révolution en se référant continuellement à la vie quotidienne comme dans un tout inextricable. Floréal n’a assurément pas de cadavre dans la bouche. Bien au contraire, ses attaques réitérées contre les fossoyeurs de la liberté, contre les mutilations de toutes sortes sont portées au nom du principe de l’Anarchie : vive la vie !

Mato-Topé


À la petite semaine. Éditions du Monde libertaire. 20 FF, en vente à la librairie du Monde libertaire.