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Chômage, précarité, misère

Les Patrons s’en mettent plein les poches !

Le jeudi 18 décembre 2003.

La situation ne s’est pas améliorée depuis le printemps dernier. Bien au contraire, les difficultés du quotidien sont toujours là : augmentation faramineuse des loyers, du prix de l’alimentation, etc. Bref, les fins de mois sont de plus en plus serrées et le coût de la vie ne cesse d’augmenter, contrairement aux revenus des salariés du public comme du privé. Et, face à cette situation, le gouvernement, loin des préoccupations de « la France d’en bas », poursuit sa politique antisociale. Les victimes du moment pour le gouvernement sont les chômeurs : catégorie de travailleurs facile à stigmatiser comme des fainéants payés à ne rien foutre. Fillon a donc décidé de prendre des mesures concernant les privés d’emploi et de les mettre au travail. Et quelle mesure !
 Transformation du RMI en RMA (revenu minimum d’activité), contrat de 20 heures payées au SMIC, valable six mois et renouvelable deux fois. Bien sûr, tout refus de la part de l’ex-RMIste entraînera la suppression de ses allocations. Les employeurs empochant le RMI et complétant pour arriver au SMIC, un RMA ne coûtera donc que 2 euros de l’heure aux patrons !
 L’ASS (Allocation spécifique de solidarité) jusqu’alors versée aux chômeurs en fin de droit (13,56 euros maximum par jour) pour une durée illimitée mais sous conditions de ressource. Désormais, elle sera limitée à une durée de deux ans. Les plus de 55 ans sont épargnés par la limite mais voient leur ASS fondre de 25 %.
 Diminution de 4 à 24 mois de la durée d’ouverture des droits aux Assedic et radiation annoncée de nombreux chômeurs à partir de janvier 2004.

Ce n’est pas une fatalité

Selon un sondage récent, deux interrogés sur trois pensent qu’il faut réduire les droits des chômeurs pour les obliger à travailler ! Ainsi, les chômeurs auraient volontairement choisi de ne pas travailler : voilà une vision que ne partagent sûrement pas tous ceux concernés par les dernières vagues de licenciements massifs !

Est-ce les chômeurs qui licencient et restreignent les postes dans la fonction publique ? Sur le fond, cela signifie que l’on en revient à une conception archaïque du xixe siècle, où la responsabilité du chômage était attribuée aux chômeurs. Ainsi, restreindre les droits des privés d’emploi, c’est clairement, pour le gouvernement et les patrons, une volonté de se déresponsabiliser et d’en finir avec un acquis social. Aujourd’hui, il faut affirmer haut et fort que ce sont le gouvernement par ses choix politiques et sociaux et les patrons dans leur logique de course aux profits qui créent de toute pièce le chômage… Ils en sont les uniques responsables !

La précarité est devenue un mode de gestion qui touche tous les domaines et tous les secteurs. L’offensive patronale et étatiste poursuit donc son œuvre de démolition sociale : libéraliser à outrance le marché du travail, démanteler les services publics et réhabiliter une certaine morale productiviste en sacralisant le travail. Les attaques sur la réduction du temps de travail, le projet de suppression d’un jour férié tout comme la culpabilisation des chômeurs relèvent bien de cette offensive idéologique.

Aujourd’hui, il s’agit de s’opposer à un projet de société global dont il émane quelques vieux relents nauséabonds de travail-famille-patrie qui ne dit pas son nom et que nous prépare le couple Raffarin-Seillière.

Un peu partout en France, ce sont les associations de chômeurs et de précaires qui se mobilisent devant la baisse ou la suppression de leurs droits et contre la tentative de criminalisation morale. Dans le Nord, des salariés en lutte occupent leur usine contre un énième plan de licenciement.

Ainsi, l’un des principaux enjeux est la réalisation d’une convergence des luttes ainsi que la mise en réseau des acteurs encore mobilisés et des secteurs les plus dynamiques du mouvement du printemps dernier.

Il est temps d’affirmer que la société qu’ils nous préparent n’est pas celle que nous voulons et il n’est pas utopiste d’imaginer que l’on puisse construire un rapport de force suffisant pour changer les choses.

Union locale de Lyon de la FA