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éditorial du nº 1130

Le jeudi 3 septembre 1998.

La tranquillité sociale pourrait laisser croire qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Pourtant, beaucoup de choses ont bougé depuis un an. Dont par exemple l’explosion de la précarité : l’intérim a augmenté de 38 % en un an. La Bourse, elle, a grimpé de 40 %… La croissance est de retour mais pas pour tous ! Même repeinte en rose, la misère sociale existe bel et bien, Monsieur Jospin. Votre loi sur les 35 heures se met en place… avec plus d’heures supplémentaires pour les salariés, comme dans la métallurgie ou en empêchant seulement des licenciements, et en baissant les salaires comme dans l’industrie sucrière. Les créations d’emplois seront pour l’an 3000 bien sûr. En attendant, nos deniers rentrent à flots dans les poches du patronat. En 1996, 15 000 personnes défilaient pour soutenir les 296 sans-papiers de Saint-Bernard. Cette année, 1 500 personnes défilent pour soutenir les 50 000 sans-papiers qui ne seront pas régularisés… La gauche plurielle agit, c’est certain… mais pas pour ceux qu’elle prétend défendre. Face à ses troupes en colère, Robert Hue refait le coup « du réalisme des 10 % » du PCF pour expliquer les boas avalés dont la privatisation en douceur, cet été, de Thomson… combattue sous Juppé ! Plus l’éclatement social grandit, plus nos gouvernants nous offrent du spectacle à tout va. Du Mondial de la foi en passant par Lady Diana, on a eu droit, cet été, au Mondial du foot. Ce sont donc des événements spectaculaires, hyper médiatisés qui servent désormais de soupape de sécurité au système. Pour l’instant, il nous faut reconnaître le succès de cette vieille méthode. Mais rappelons-nous que même l’Empire romain, avec ses jeux du cirque, s’est quand même écroulé un beau jour. Même s’il se fourvoie sur de mauvais chemins, ce besoin de fraternisation, d’unité, pourrait bien se retrouver dans un mouvement social de grande ampleur. Loin de baisser les bras, il nous faut plus que jamais diffuser et pratiquer nos conceptions anarchistes. Le calme précédant toujours la tempête, préparons-nous à affronter les remous qui arriveront plus vite que certains ne le pensent.