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éditorial du nº 1306

Le jeudi 6 février 2003.

Il y a quelques jours, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, en première lecture, un amendement qui prévoit de punir d’une amende et d’une peine de prison tout outrage à La Marseillaise et au drapeau tricolore. Ainsi, rappeler que le rouge du drapeau républicain est imbibé du sang qu’a fait couler l’empire colonial et que ce Chant de guerre pour l’amée du Rhin, qui représente l’honneur de la France, ce grand pays des droits de l’homme et de la liberté d’expression, est un chant nationaliste et xénophobe sera bientôt réprimé par la loi. À moins, bien sûr, que le Sénat s’y oppose, mais on peut, en toute bonne foi, émettre des doutes !

Cet amendement a donc été adopté à l’unanimité. Ce qui implique que les députés socialistes et communistes, ces « farouches » opposants à la politique raffaro-sarkoziennen ceux-là mêmes qui hurlent à la lepénisation des esprits, se sont aussi laissé tenter. Ils ont même pour justifier ce vote un argument de choc : il ne faut pas laisser ce terrain à la droite ! On peut d’ailleurs, là aussi en toute bonne foi, leur reconnaitre qu’ils n’ont jamais cédé aucun terrain à la droite. On ne reviendra pas sur les détails de la gouvernance de la gôche plurielle, nous l’avons déjà fait, mais elle est à ce titre éloquente.

C’est que la politique de ceux qui gouvernent, qui ne se préoccupent que de la pérennité de leur pouvoir et des intérêts qui y sont liés, ne sera toujours qu’une politique réactionnaire, qui opprime et asservit le plus grand nombre pour le bénéfice de quelques-uns.

Les valeurs et les pratiques du socialisme ne verront le jour que lorsque nous déciderons de remettre en cause la place et le rôle de ceux qui nous dominent et que nous arriverons à penser autrement l’organisation sociale et politique.

C’est la seule manière d’opposer une résistance à la lepénisation, cette fois-ci bien réelle, des idées et des pratiques de la France d’en haut et de construire un monde radicalement différent.

« Aux armes citoyens ! »