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Je boycotte Danone

Le jeudi 19 avril 2001.

Et si par malheur, Danone fabriquait aussi du vin et des petites culottes, je crois que je pourrais même arrêter de boire… Le géant du yaourt m’a ouvert les yeux, je tiens à le remercier chaque jour en rayant son nom de ma liste de courses. Comment, en effet, aurais-je pu découvrir que ma vie toute entière était sous perfusion d’un géant industriel, qui squatte mon frigo et se soucie des hommes comme de son dernier sachet de grumeaux ?

Comment aurais-je pu comprendre que mon caddie avait plus d’influence sur le monde qui nous entoure, que mon bulletin de vote et celui de mes amis ? Comment aurais-je pu deviner que l’on puisse gagner 7 500 FF net par mois, après avoir fabriqué des biscuits à la tonne pendant 25 ans ? En licenciant 2970 ouvriers — dont 570 en France, alors qu’il a réalisé un bénéfice de 4,7 milliard de francs, Danone m’a montré à quel point il devenait urgent de changer mes rapports avec une entreprise dont je suis aussi un peu l’actionnaire forcé.

En m’aidant à fortifier ma croissance, Danone a fait de moi un consommateur en pleine forme qui refuse de subventionner une multinationale dont les produits sont majorés par la pub — et les employés des biscottes que l’on écrase pour faire un peu plus de blé. 450 films publicitaires ont été réalisés pour vendre du Danone. Mes orgies de Granola ont probablement contribué à payer l’un d’eux. J’exige que la firme qui m’a vu grandir réintègre ses employés à Calais, Ris-Orangis, Jussy et Chateau-Thierry.

Dans le cas contraire, je m’engage à ne plus jamais acheter de produits Danone. Si les conséquences du boycott devaient provoquer d’autres licenciements, j’estimerai - à juste titre - qu’un groupe qui fait partie des 15 sociétés françaises côtés en bourse à New-York, retient en otage son personnel et l’instrumentalise comme bouclier social. Dans une société où l’argent et le marketing ont perverti le système démocratique, le boycott relève de l’action citoyenne.

Association « Boycott »


Les Êtres humains ne sont pas des yaourts

Ulcérés par l’attitude du groupe Danone, qui licencie près de 3000 personnes en Europe malgré une situation financière florissante et des ventes en hausse de 7 %, un collectif d’auteurs et de journalistes, issus du magazine Technikart, propose sur Internet un lieu de débats et d’engagements citoyens sur le thème du boycott.

Jeboycottedanone.com, premier site web français consacré au géant agro-alimentaire et à sa gestion des ressources humaines, pose la question du choix des consommateurs comme dernière forme d’action politique dans une société où l’argent et le marketing semble avoir perverti les fondements de la démocratie et du droit social.

Le site rappelle que le boycott est un moyen de pression efficace, s’il est massivement suivi comme ce fut le cas en Belgique au moment de la fermeture des usines Renault à Vilvorde, en Angleterre et en Allemagne lors du boycott en 1995 des industries Shell organisé par l’association Greenpeace.

Une charte est proposée aux Internautes qui souhaitent la signer, ainsi qu’un forum sur le boycott et un reportage sur les grévistes de Calais. Des affiches pro-boycott sont également disponibles au format d’impression ainsi que la liste des produits Danone concernés. Ce site est une initiative militante de l’Association « Boycott ! » qui souhaite une régulation du libre marché par les consommateurs eux-mêmes.

Plus d’infos chaque jour sur http://www.jeboycottedanone.com