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éditorial du nº 1090

Le jeudi 4 septembre 1997.

Entre 1933 et 1976, soixante mille personnes ont donc été stérilisées, de force, par l’État suédois, aux mains du parti social-démocrate. Cette révélation montre combien la fièvre eugéniste appelée aussi « hygiène raciale » n’a pas touché que les dirigeants nazis mais toute l’Europe ainsi que les États-Unis vers la fin du XIXe siècle. Les tendances à la criminalité, à la masturbation ou au vagabondage étaient censées se transmettre héréditairement. Partant de ces délires scientifiques, la loi de stérilisation, en Suède, s’est vite étendue aux « asociaux », voir aux métissés dès 1941 et jusque dans les années 70. Et c’est bien sûr, au nom du bien-être social, que de telles horreurs ont été justifiées par les sociaux-démocrates. Dire que l’intelligentsia politicienne, en France, de nos jours, se félicite de l’évolution sociale-démocrate du PS… Cela laisse rêveur, même si Jospin n’est pas Per Albin Hansson, père du PSD suédois. Rappelons qu’en plus de ce sinistre passé le modèle de protection sociale suédois, tant vanté, s’effondre totalement (12 % de chômeurs, allocation chômage et remboursement de Sécu réduits de façon drastique). Cet événement appelle plusieurs réflexions de notre part. Tout d’abord, cela montre qu’il n’y a pas besoin d’un régime fascisant ou de type stalinien, pour voir naître de pareilles pratiques. Un bon parlement démocratique a suffit, avec une idéologie socialisante. Ensuite, l’État suédois, comme tout État, a mis une chape de plomb sur ces pratiques innommables (même en 1996, une femme de 72 ans qui revendiquait une indemnisation pour ce qu’elle avait subi à 17 ans, a été déboutée). Les médias français, qui ont donné une large information sur ce sujet, ont oublié comme par hasard de signaler qu’en France, entre 1935 et 1945, la chasse aux juifs, aux Tziganes, aux communistes, aux homosexuels, etc. était organisée via des expositions pour « mieux apprendre à les reconnaître » avant de les déporter. Montrer l’État suédois du doigt est un peu facile.

Certes, la situation actuelle de l’Europe n’est pas la même. Mais, force est de constater que certains relents refont surface, à savoir le traditionnel « classe pauvre = classe dangereuse ». A l’État de mieux la contrôler, voire de la traquer, au nom, encore une fois, du bonheur social pour tous. N’oublions pas les indemnités dégressives des chômeurs par Martine Aubry, les « faux Rmistes » chassés par Balladur… Qu’ont fait Pasqua, Joxe, Rocard, Debré sinon lutter contre les immigrés, qui par leur coût ruineraient notre économie ! Et en 1995 rappelons-nous les arrêtés municipaux des maires de gauche ou de droite contre la mendicité. Cet été, cela a failli être le cas des gosses de moins de douze ans dans les cités populaires. Il n’y a donc pas que le Pen et son amour de la race blanche catholique pour proposer des solutions pourries contre ceux qui, en plus d’être victimes de l’exploitation sociale, sont montrés du doigt comme déviants de l’ordre moral bourgeois.