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Chronique anarca-féministe

De la normalité de la violence sexuelle…

Le jeudi 19 avril 2001.

La France aussi a ses serials killers et notamment celui de l’Est parisien. Comme s’il fallait « illustrer » l’horreur des chiffres de l’enquête nationale sur les violences envers les femmes. Une femme peut mourir des mains de l’homme qu’elle aime ou de n’importe quel autre, car au mauvais moment, au mauvais endroit. Comme, aussi, pour donner rétrospectivement raison à la campagne scandaleuse « Cet homme est un violeur, cet homme est un homme » Et oui : comment reconnaître un gentil, un qui a « compris », qui fait attention, d’un méchant, en proie à ses pulsions qui casse autour de lui des victimes expiatoires ? Comment faire la différence alors que cet homme a mené deux relations laissant ces femmes survivantes, nostalgiques d’un homme doux et prévenant ? Comment faire la différence dans cet autre cas : un homme torture une femme qu’il a suivie chez elle. Il s’absente plusieurs heures puis revient continuer de torturer. Qu’a-t-il fait pendant ce temps d’absence ? Il est allé chercher ses enfants chez la nourrice, les a fait manger, prendre leur bain, les a couchés, a attendu que son épouse revienne pour prendre le relais.

Alors « monstre » ou pas ? Car, voyez-vous les psychiatres sont bien marris : ces hommes sont incurables car parfaitement conscients de ce qu’ils font. Alors, « monstre » ou pas ? Pas monstre : produit fini ! Nous vivons dans un système patriarcal, soumis-e-s à ce système. Système multiséculaire qui applique le vieil adage « diviser pour mieux régner ». Alors d’un côté les faibles : femmes, enfants, lesbiennes à double titre, gays et de l’autre ceux qui prouvent qu’ils sont les forts en violentant les faibles. Les plus violents de ces « forts » sont appelés « monstres ». Je suis bien manichéenne ? Depuis longtemps, des femmes s’organisent afin de ne plus être assignées à un sort de victime. Que des hommes s’organisent afin de ne plus être assignés à un sort de « produit fini » !

Marthe