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Strasbourg

NoBorder

dix-sept otages de la justice
Le jeudi 23 janvier 2003.

Le 23 aout 2002, dix-sept personnes du Collectif de soutien aux inculpés du campement NoBorder occupent l’antenne strasbourgeoise du ministère de la Justice. Le but de l’action est d’obtenir enfin une autorisation de parloir et la sortie d’isolement d’Ahmed Meguini. Celui-ci, arrêté parmi d’autres au cours d’une manifestation pour la liberté de circulation et la fermeture des centres de rétention, avait été maintenu en détention dans des conditions particulièrement iniques, puisées dans l’outillage carcéral quotidiennement employé pour briser les prisonniers. Ce traitement « de faveur » est révélateur de l’« attention particulière » que les forces de police, la justice et l’administration pénitentiaire ont réservé aux participants à ce campement autogéré, faute de pouvoir empêcher les actions, discussions et manifestations qui ont réuni plus de deux mille personnes du monde entier pendant dix jours contre les frontières et le contrôle social.

Les trois employés présents lors de l’occupation décident de rester sur place, et des négociations avec le procureur semblent commencer, brutalement interrompues par l’intervention du GIPN accompagné par la BAC. Commence alors un scénario catastrophe au final burlesque, symptôme d’un délire de judiciarisation croissant : passages à tabac, quarante-huit heures de garde à vue, mise sous écrou une nuit à la prison de Strasbourg et comparution immédiate spectaculaire des dix-sept pour « séquestration et violation de domicile ».

Démontrant l’inanité de l’accusation et suivant la plaidoirie des avocats, le tribunal se déclare incompétent, les dix-sept sont libérés au grand dam du parquet qui réclamait quatre mois dont un ferme : la tentative de maquiller une banale occupation en prise d’otage a manifestement échoué. Défait en rase campagne, le parquet fait néanmoins appel, et nous serons à nouveau jugés à Colmar le 6 février 2003.

Cette arrogance s’inscrit dans une volonté plus générale de criminaliser, de punir et de contraindre toutes formes de vie potentiellement subversives (LSQ, LSI, construction de nouvelles prisons et de centres de rétention, exactions de la Bac, etc.). Les enjeux de ce procès sont multiples. Au-delà de l’acharnement répressif contre le campement NoBorder (ce procès ouvre la série des audiences contre les inculpés du campement : six personnes du 25 au 28 février, trois personnes arrêtées lors de l’occupation le 20 mars), c’est la pratique même de l’occupation comme forme de lutte concrète qui est évidemment visée.

Sans-papiers, chômeurs, étudiants, usagers des services sociaux, nous sommes tous en prise avec la machine administrative (ANPE, CAF, Télécom, EDF, etc.), et l’occupation est un de nos moyens de prendre ce qu’on refuse de nous donner. Toute condamnation, même minime, constituerait un précédent inacceptable.

Nous ne nous laisserons pas terroriser

Nous appelons tous ceux qui veulent défendre cette pratique d’autodéfense sociale, tous ceux qui refusent que leur quotidien, leur vie, leurs désirs soient soumis au contrôle et à l’exploitation, à reprendre avec nous l’offensive, selon les envies et possibilités de chacun, soit en se rendant à Colmar devant le tribunal le 6 février, à 8 h 30, soit en organisant des actions décentralisées autour de cette même date (n’oubliez pas de nous envoyer un cours récit par courriel ou sur papier aux adresses qui suivent) et/ou en nous envoyant un texte de soutien à : il-legalteam@lalune.org ou en nous écrivant à : il-legalteam, c/o CAE, 21ter, rue Voltaire, 75011 Paris (les chèques de soutien, établis à l’ordre d’AAU peuvent être envoyés à cette même adresse).

Nous continuons d’exiger, au nom du réseau Noborder et de tous les participants au campement, l’arrêt des poursuites contre tous les inculpés du campement et à nous mobiliser contre le contrôle social et pour la liberté de circulation et d’installation.

Les dix-sept et le collectif de soutien aux inculpés NoBorder