Célestin Freinet, militant pacifiste, marqué par les horreurs de la guerre 14-18 a lutté toute sa vie contre les guerres et leurs cohortes de victimes innocentes. La FIMEM-pédagogie Freinet s’oppose à toute action militaire pour régler les conflits, et en particulier en Irak pour trois raisons principales :
Nous éduquons aux droits de l’homme
L’école d’aujourd’hui a le devoir de s’opposer à toute forme de violence, et nous devons éduquer les enfants aux droits de l’homme qui s’opposent fondamentalement à la guerre.
Même si elle est loin d’être effective, la garantie des droits fondamentaux pour tous doit servir de repères et guider nos choix. Outils tangibles, les instruments internationaux sont le point d’ancrage d’une éducation aux valeurs démocratiques. Dans cette perspective, l’éducation aux droits de l’homme devrait faire partie intégrante de la mission de l’école. Cette préoccupation n’est pas nouvelle. Elle a amené Jean Piaget, en 1967, à soutenir, notamment, la création de l’association mondiale école instrument de paix (ÉIP) dont l’une des innovations pédagogiques a consisté à rendre le texte de la Déclaration universelle des droits de l’homme accessible à tous et à toutes, dans le but d’encourager le développement de l’éducation aux droits de l’homme dans les écoles. Par ailleurs, on retrouve, dans plusieurs textes internationaux, ce souci de promouvoir en priorité une telle éducation. En témoignent les orientations de bon nombre d’organisations internationales dont l’Unesco, le BIE, le Conseil de l’Europe, notamment.
Nous nous opposons à l’économie de marché
L’économie de marché et la compétition sont devenues les maîtres mots. Comment, dès lors, s’étonner que l’école soit devenue une machine à produire de la main-d’œuvre compétitive et que l’élève soit devenu l’otage de cette logique ? Prise entre l’idéologie dominante et les valeurs démocratiques, l’école semble pour l’heure nager entre deux eaux. Cette position ambivalente est génératrice de tensions et de perte de repères… Une guerre se prépare en Irak avec comme seul objectif la maîtrise totale par les groupes pétroliers capitalistes des puits de pétrole du Moyen-Orient. Les barils de pétrole valent plus cher que la vie d’un Irakien, et c’est aussi cette macabre logique économique que nous dénonçons, quotidiennement, dans nos classes. La vie d’un homme vaut plus que tout.
Nous nous battons contre le partage inégal des richesses
Comme éducateurs, nous sommes pour une solution politique des conflits et nous sommes sûrs qu’en dépensant une somme équivalente à celle que l’on va engloutir dans cette guerre on pourrait bâtir des écoles et ce serait là, la seule véritable arme contre les aventures dictatoriales. On n’aura pas de paix sans justice. Nous dénonçons le fait qu’actuellement 20 % de la population mondiale utilise 80 % des richesses, c’est la plus grande injustice à nos yeux ; or le monde se dirige vers une perspective de guerre permanente, et alors c’est l’humanité entière qui va perdre. Les guerres qui se déroulent depuis dix ans ne remettent jamais en cause l’inégalité de la répartition des richesses ; au contraire, elles ont accentué le fossé entre un Nord riche et un Sud pauvre.
Nous sommes contre cette guerre que les États-Unis sont en train de déclarer à l’Irak. Durant ces dix années d’embargo 1 700 000 enfants sont déjà morts qui n’ont aucune part de responsabilité dans ce qu’ont fait ou font les adultes et le gouvernement dictatorial de leur pays. La guerre ne va rien résoudre, au contraire, elle va augmenter les risques de terrorisme et rendre encore plus grave la situation du Moyen-Orient.
Le CA de la FIMEM-pédagogie Freinet, texte écrit le 12 janvier 2003. ca.fimem@ac-freinet.org