Accueil > Archives > 2004 (nº 1342 à 1380) > 1342 (15-21 janv. 2004) > [Fuck the system !]

Fuck the system !

Le jeudi 15 janvier 2004.

« Quand le pouvoir devient tyrannique, l’insurrection est le premier devoir du collégien. »

Lou, rebelle.



Dans le collège public où je suis, ce sont la principale adjointe, la CPE (conseillère principale d’éducation) et le Conseil d’administration (composé principalement de ces deux personnes et d’autres figures du collège) qui dirigent.

Ce sont elles qui décident et rédigent le règlement intérieur. Pourquoi n’est-il pas rédigé par l’ensemble (élèves, profs, etc.) du collège, avec le consentement de toutes et tous ? Parce que nous sommes dans une logique de pouvoir qui dit que l’école doit être dirigée par une minorité de privilégié.e.s censée avoir plus de connaissances et d’intelligence (« j’ai 40 ans, l’école c’est fini pour moi, j’ai assez appris », « vous qui apprenez à l’école, vous devez être soumis à une direction qui décide, vous devez apprendre et faire ce qu’on vous dit et la fermer ! » etc.). Et après, on vient nous voir en classe en disant « on voudrait vos conseils pour d’éventuels projets au collège », comme s’ils se souciaient de nous en nous faisant croire qu’ils vont tenir compte de notre avis. C’est juste pour nous faire gober que nous sommes en démocratie !

Le collège est dirigé par ces personnes car elles sont les seules à décider si un élève va être exclu, va avoir une grosse sanction, va être obligé d’enlever des choses qu’il porte sur lui, comme des bracelets de force, des foulards, des voiles, des tee-shirts, des dessins sur le carnet ou sur l’agenda, etc. Avec comme motifs principaux :

  • perturbation des cours : porter un voile ou avoir un tee-shirt à signification politique, est-ce perturber le cours ? Où passe la liberté d’expression et celle de s’habiller, qu’on nous apprend en cours, en disant « la France est une démocratie, c’est le pays des droits de l’Homme » ?
  • danger pour la sécurité des personnes : avoir un bracelet de force, sans s’en servir comme une arme, est-ce dangereux ? Avoir un collier avec des piques, est-ce dangereux s’il ne fait que décorer le cou ? Où passe encore une fois la liberté de choix quand elle ne nuit pas à autrui ? Avoir des piques mous sur son sac, est-ce dangereux ? Même si on saute dessus, on ne peut vraiment pas se faire mal ; j’ai vérifié !

Toutes les choses écrites, dessinées ou photographiées n’ayant aucun rapport avec la politique (photos de stars, de chiens, d’amis) sont autorisées, car elles n’emmerdent pas le collège, elles ne montrent aucune hostilité, aucun désaccord avec des décisions, elles ne réveillent pas l’opinion publique, ne remettent pas en cause les injustices, ni le système de M…

Par contre, on est accusé de « mauvaise tenue » du carnet ou de l’agenda (agenda personnel qui ne peut être contrôlé que par les parents) si l’on y voit des écrits à signification politique (anarchiste, hostilités au système collégien, etc.).

Moi qui portais des bracelets de force, des piques etc., j’ai été « victime » de la répression collégienne ! En voici les raisons :

  • Au départ c’est à cause de mon agenda qui était « trafiqué » (révoltes, antifascistes, A cerclé, etc.) et qu’a vu une de mes profs. Elle l’a déposé à l’administration, la CPE l’a vu, m’a convoqué et m’a dit d’enlever tout ce qu’il y avait dessus. Elle m’a aussi demandé d’enlever mes piques, ce que je n’ai pas fait.
  • Lors de l’élection des délégué.e.s, j’ai distribué un tract appelant à la boycotter.
  • J’ai soutenu un graffiti dans les toilettes : « collège soumis lève-toi ! », avec un A cerclé. Tous les surveillants (qui obéissent presque tous et toutes aux ordres d’en haut et qui sont exploité.e.s) sont venus me voir et ont fait pression sur moi, sur mes copains et copines pour que nous dénoncions la personne qui l’avait écrit (« dis-le sinon tu es exclu », « sinon tu va le laver », « dis-le et tu n’auras aucune sanction à part le nettoyer »). Quelques surveillants m’ont alors demandé si je trouvais normal que les femmes de ménage (toutes immigrées, tiens tiens !) aillent laver le graffiti. Comme si les femmes de ménages ne lavaient pas des choses plus chiantes que ça (chewing-gums collés, écrits aux marqueurs etc.) et qu’elles prenaient plaisir à nettoyer. Elles m’ont d’ailleurs dit qu’elles étaient payées en dessous du Smic.

Donc, c’est bien parce que je milite et que je suis un rebelle que l’on m’y a forcé ; je gêne.

Proposons des alternatives révolutionnaires à ce système répressif, autoritaire et antidémocratique : pour un collège autogéré.

  • participation de toutes et tous aux tâches matérielles (ménages…).
  • abolition des pouvoirs dont disposent les profs (pressions sur l’élève, sanctions, etc.).
  • égalité de paroles entre profs et élèves.
  • prises de décisions collectives (profs, élèves, etc.) en assemblées générales souveraines pour ce qui concerne la vie de l’établissement.
  • suppression de l’administration autoritaire et de ses pouvoirs.
  • non-obligation des cours (avec motifs, discussions à ce sujet…).
  • suppressions des IDD (itinéraires de découvertes) qui n’ont aucun intérêt si ce n’est celui de travailler plus.
  • refus de recevoir des collaborateurs ou collaboratrices du pouvoir (police, justice, patrons, etc.).

Lou, groupe Claaaaaash