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Octobre 1917

Le jeudi 5 février 2004.

Celles et ceux de l’après-68 peuvent se réjouir : plus besoin de compulser les vieux numéros de Solidarité ouvrière [1] pour connaître les méandres et les avatars du bolchevisme selon René Berthier. Octobre 1917 : le Thermidor de la révolution russe, paru aux Éditions CNT-Région parisienne en novembre de l’année dernière, s’ajoute aux ouvrages de Voline, Rocker, Archinov, Lehning et Skirda, etc.

Comme il est nécessaire de comprendre le passé pour envisager l’avenir, le livre de Berthier n’est pas un énième livre sur Octobre et ses suites. Car, bien sûr, on peut légitimement se demander ce qu’il y a à ajouter à La Révolution inconnue de Voline ou aux autres témoignages de première main. Dans la première partie de son livre (l’Histoire) Berthier replace les événements principaux en parallèle avec les positions des anarchistes (entre autres sur le traité de Brest-Litovsk). Et citons pour la bonne bouche Léon Troski : « C’est une obligation élémentaire de dénoncer les éléments hostiles au parti. » Dans la deuxième partie (les questions), Berthier décortique le bolchevisme et ses conflits internes (Lénine, Troski, Zinoviev, Boukharine, Staline, etc) sans oublier la question paysanne et l’« implantation profonde » de l’anarchisme.

C’est donc l’histoire d’Octobre 1917 avec les personnages manquant sur la photo « officielle » qu’on nous présente ici. à la fin de son ouvrage, René Berthier traite des « Leçons d’Octobre » (ce qui aurait pu faire l’objet d’un seul livre) rappelant comment les événements russes étaient perçus en France et dans le reste de l’Europe. Il rappelle aussi la plate-forme d’Archinov (opposée à la synthèse), la rapprochant de la charte de Lyon de la CGT-SR, plus complète, « formulant un véritable programme politique ». Que faut-il en penser quatre-vingts ans après ? Le débat reste ouvert !

Bakounine disait que le socialisme « ne trouve une réelle existence que dans l’instinct révolutionnaire éclairé, dans la volonté collective et dans l’organisation propre des masses ouvrières elles-mêmes, et quand cet instinct, cette volonté, cette organisation font défaut, les meilleurs livres du monde ne sont que des théories dans le vide, de rêves impuissants ». C’est ce que rappelle Berthier à la fin de son livre. Pour en débattre avec lui, pour une version libertaire actuelle de Que faire ?, rendez-vous vendredi 13 février au 33, rue des Vignoles !

Thierry, groupe Pierre-Besnard


[11Organe de l’Alliance syndicaliste révolutionnaire et anarchosyndicaliste.