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Créteil

Les Sans-papiers occupent une cathédrale

Le jeudi 2 avril 1998.

Lundi 23 mars à 17 heures, un premier groupe de sans-papiers pénètre dans les locaux que l’évêché a mis à leur disposition : une salle de réunion, un grand couloir, une petite cuisine, des sanitaires, pas de douches. Par petits groupes, les autres suivent. Au total, c’est près d’une centaine de sans-papiers qui réalisent ce qu’ils réclamaient depuis des semaines : l’occupation d’un lieu public.

La grande majorité est composée d’ouvriers célibataires, organisés dans les foyers d’Ivry et de Vitry ; tous ou presque ont été « recalés » par la préfecture, même s’ils ont prouvé leur présence en France depuis dix ans et plus. Les recours sont restés sans réponse depuis des mois maintenant. La moitié seulement des sans-papiers restera pour la nuit, le local est trop petit pour loger tout le monde, et on manque de matelas.
Les jours suivants, l’ambiance est bonne, on reçoit beaucoup de visites, des représentants des autres collectifs de sans-papiers de la région parisienne, des syndicalistes, des étudiants de l’université Paris XII située en face des locaux occupés. Mais surtout, tous les jours, les copains des foyers viennent témoigner de leur solidarité active, beaucoup sont prêts à participer à l’action, et on songe à l’extension du mouvement.

Les sans-papiers tiennent tous les jours une assemblée générale où chacun peut parler, où on décide collectivement, et où on se donne les moyens d’appliquer les décisions prises. Il est clair que quelques individualités sont mises en avant, mais chacun fait l’apprentissage de la démocratie directe. L’occupation est active, des milliers de tracts ont été diffusés par une commission ad hoc, un fort groupe d’occupants a rendu visite aux sans-papiers de la cathédrale d’Évry occupée depuis plusieurs semaines. La collecte de fonds est permanente et nécessaire, donc si vous passez par Créteil…

Les sans-papiers du Val-de-Marne, bien organisés, appuyés sur les foyers, inscrivent leur mouvement dans la durée, et sont prêts à tenir le temps qu’il faudra, malgré la police qui rôde et la passivité des grands médias, qui ont attendu 48 heures pour diffuser la nouvelle.

Les libertaires, Fédération anarchiste et CNT-AIT soutiennent ce mouvement depuis longtemps, et nos compagnons sans-papiers savent qu’ils peuvent compter sur nous.

Dans un tract daté du 23 mars, le MRAP dit « les sans-papiers se réfugient dans la cathédrale de Créteil » ; dans un tract daté du 26 mars, il dit que les sans-papiers « occupent » la cathédrale… Il est vrai qu’entre temps le Collectif des amis du Parti socialiste organisait la grand-messe anti-FN, et que les « réfugiés » n’étaient pas trés coopératifs pour marcher aux côtés de leurs expulseurs gouvernementaux.

Max
groupe Élisée-Reclus