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Procès du collectif anti-OGM gersois

Non à une justice de classe !
Le jeudi 18 octobre 2001.

Le procès des faucheurs d’OGM du Gers aura lieu le jeudi 25 octobre à Auch. Le 28 août, c’est à Labrihe, près de Mauvezin que 137 personnes ont fauché puis transporté leur récolte de maïs sur la place de la Libération à Auch. Une délégation, composée d’un représentant par organisation adhérente du collectif (FA, CNT, Confédération paysanne, les Alternatifs, les Verts, le GABB 32, Attac) est reçue par la secrétaire de cabinet du préfet qui ne fait qu’enregistrer nos inquiétudes et nos exigences, avec pour unique retour : « Tout ce que je retiens, c’est que votre action est illégale et passible des tribunaux car elle porte atteinte à la propriété privée. »

Le 8 octobre, le collectif, têtu, poursuit ses actions sur les communes de Puylausic et l’Isle-Jourdain. Ces actions à répétition qui évidemment commençaient à embarrasser sérieusement les pouvoirs publics ne resteraient pas impunies. Le climat particulièrement tendu avec les gendarmes présents sur les lieux de ces derniers fauchages a entraîné les vives réactions du préfet du Gers, Michel Billaud, et du procureur de la république, Guy Étienne.

Le premier a tout d’abord fustigé le collectif en qualifiant les actions de fauchage relevant de comportement de délinquant dont les auteurs n’échapperont pas à la justice puisque malgré les sommations et interdictions d’opérer, les auteurs ont persévéré et par là même mis en danger l’ordre public. Rien que ça ! Et le procureur de surenchérir en décidant de jouer la carte de la fermeté puisque concernant le vol de clé et le déplacement de véhicule constaté par les gendarmes et perpétrés à leur encontre, des sanctions devront également tomber. Je ne passerai pas sous silence les propos du président départemental de la FDSEA qui, en réaction aux actions du collectif, déclarait dans les colonnes du journal Sud-Ouest : « Il est temps que les pouvoirs publics comprennent qu’en laissant faire, aux hordes anarchistes, la destruction systématique de parcelles dûment contrôlées et cultivées dans un cadre légal, c’est le potentiel de recherche de notre agriculture qu’on affaiblit. »

C’est ainsi que toutes les personnes identifiées, notamment après les évènements de Labrihe, ont été entendues par la gendarmerie, et trois d’entre elles comparaîtront au tribunal de grande instance d’Auch jeudi 25 octobre à partir de 8 heures.

Tout se passe comme si on voulait nous faire croire que les multinationales de l’agrochimie, qui depuis des dizaines d’années causent des dégâts irrémédiables en détruisant des écosystèmes entiers, qui pillent et bafouent les droits de l’homme dès qu’ils contrarient leurs chiffres d’affaires, ces mêmes multinationales deviendraient les garantes de l’aide alimentaire et de l’espoir pour les pays en voie de développement, ce qui relève d’une hypocrisie puisque la transgénèse comme solution au problème de la faim dans le monde est avant tout un problème politique et de pouvoir d’achat.

Aussi, devant les risques pour la santé publique et pour l’environnement, nous avons droit à une information qui ne soit pas manipulée par les Monsanto, Novartis, Vivadour et les autres, et c’est une exigence que de refuser une technique qui ne vise qu’à engraisser encore davantage les dictatures économiques.

Nous exigeons par la même occasion l’interdiction du brevetage sur le vivant, une Europe et un monde sans OGM, une recherche publique forte et indépendante des multinationales et des États.

En attendant, rendez-vous à Auch le 25 octobre pour un procès qui se doit d’être celui d’une justice de classe que nous devons abattre. Au programme : conférences et débats contradictoires sur les OGM le mercredi soir, puis jeudi 25 : forums, débats (quelle mondialisation pour un monde égalitaire et solidaire ? ainsi que sur la criminalisation des mouvements sociaux), concert de soutien.

FA du Gers, UR Sud-Ouest